Comment nous sommes devenus vegetariens.

Publié le par sixmoisanstoit

 

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Derniere destination avant de revenir dans notre chere Gaule: Sulawesi (coincee entre Bali et les Philippines) et comme les choses ne sont pas toujours tres bien faites, Sulawesi n'a pas la forme d'un S mais d'unK. De K geant meme car Sulawesi c'est quasimment la taille de la Grande Bretagne. Enfin ethniquement, c'est un peu plus complique car a Sulawesi, on compte 35 groupes ethniques. Voila, ca, c'etait sur le plan culturel, resume du guide du Routard.

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Comme ici, les reveils sont tres matinaux (nous sommes aides, il faut le dire, par les coqs, les chiens voire par les raclements de gorges des employes de l'hotel), on recupere un peu a Makassar et dans la chambre: une tele! Ca faisait bien longtemps que nous n'avions pas connu ca. Face a nous, sur l'ecran, une sorte de defile militaire d'enfants (derangeant), un jeu de tele realite qui ressemble etrangement a nous merdouilles televisuelles francaises.

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Dehors, des jeunes jouent au domino et m'invitent a me joindre a eux, pas trop complique pour les regles ca va! Et puis, tres vite, le lendemain, on se rend compte qu'ici, le touriste est rare et qu'on est loin de passer inapercu. Les "Helloooooooo mister" fusent, Marion a le droit a un "you're so beautifuuuuuuuuuul"  et moi a un "oh my goooooooood!".

Plusieurs hypotheses donc:

1) Soit on a un physique particulierement etrange pour eux (mes 190cm ont l'air de les epater)

2) Soit le facies de l'europeanus bipedus leur est tellement etranger qu'ils nous prennent pour des stars.

3) Soit on est vraiment super beaux (encore plus qu'avant notre depart), c'est surement l'hypothese la plus plausible!

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Et puis, le soir, c'est la finale du championnat d'Europe de foot alors a chaque coin de rue, on nous demande nos pronostics. On a beau etre bien loin du vieux continent, ici a 3h du mat', beaucoup de gens suivent les matchs.

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Dans des villages les plus recules de Bali, on a vu la rue principale decoree de drapeaux uropeens: une vrai folie! Retour a Makassar, notre balade au marche devient rapidement un marathon de serrages de paluches, de sourires et de pronostics footballistiques.

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Alors, on bat retraite rapidement dans un resto local en face a face avec des bouts de moutons et de la sauce cacahuete, c'est plus reposant. Je croise un marchand sur son velo qui deborde de sacs remplis de gateaux. Surement une specialite de Sulawesi, je croque dedans goulument et les gens du resto semblent rigoler en me regardant. Bon, en fait, ce n'etait pas du tout un petit gateau et j'etais en train de croquer dans la peau imbouffable d'un fruit local dont l'interieur, apres explication, ne sera pas beaucoup plus goutu (a mi chemin entre la texture du lichee seche et de la meduse).

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Autre fruit croise: le durian, qui se traine une sale reputation avec son horrible odeur. Pour etre completement franc, ce n'est pas totalement usurpe un peu comme si on avait fourre des croutes de fromages dans un vieux gant de toilette, le tout macere dans le jus de poisson (pendant un bon moment...)> Non, n'insistez pas, nous n'en ramenerons pas! De tout maniere, le berger allemand de Roissy doit devenir completement fou avec sa truffe a l'approche de ce fruit.

 

Makassar c'est rigolo, anime (voire fatigant) mais on n'est pas la pour ca. Direction Rantepao, le pays toraja, 389 bornes pour...... 10h30 de trajet. Grand confort pour le bus, en 6 mois de voyage, on aura jamais connu ca. On arrive donc presque repose au milieu des montagnes. des rizieres et des maisons traditionnelles. Ici, c'est un peu "Ethno city," "Claude Levi Strauss Land", bref la culture toraja est tres forte, marquee par la chretiente mais surtout par l'animisme.

 

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L'objectif de chaque habitant de Toraja est de capitaliser assez d'argent dans sa vie pour avoir des buffles. Pauvre ambition, me direz vous...Sauf que le buffle, ii, c'est un peu plus qu'une grosse bestiole servant a tirer la charrue dans les rizieres. Ici, la fonction du buffle, c'est d'etre un passeur pour vous emmener au paradis (donc il est fondamental d'avoir au moins un buffle pour ses funerailles)> La version version Tgv du buffle pour aller encore plus vite dans l'autre monde, c'est le buffle albinos. Remarquez, c'est un budget, autour de 2000 euros. (ici le salaire mensuel moyen est autout de 200euros).

 

On se contentera d'une cartouche de clopes en cadeau a la famille. Nos hotes du jours ne sont pas vraiment des RMistes mais appartiennent a la plus haute caste. On arrive a pied et en chemin, on se fait doubler par 2-3 cochons bloques entre des bambous et couinant sur le dos d'une mobylette.

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Et puis, devant le lieu de la ceremonie, une grande affiche avec la photo de la mamie decedee (il y a pres d'1 an. Ici, les funerailles sont longues a organiser et tant qu'elles n'ont pas lieu, la defunte est consideree comme malade.)

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Elections locales obligent, le gouverneur en campagne pose sa trombine avec la morte. Ca s'appelle de la politique! Des centaines presents. La cermonie peut commencer. En realite, elle dure 6 j avec tout d'abord la procession puis la reception des invites. Les danseurs succedent aux convives qui sont accueillis dans la maison qui recoit le tombeau, des femmes des villages apportent des petits gateaux. Puis, un groupe de femmes habilles de bleu, approchent et empoignent une sorte de pilon en bambou qu'elles tapent sur un mortier creant une sorte de rythme diabolique en hommage aux Morts. Grosse organisation, ca enchaine sans cesse et nous, on se sent comme intimides, face a ces rituels ancestraux. Daniel, notre guide, nous aide a tenter de comprendre tousces evenements et on se fait inviter a grignoter quelques patisseries locales. Puis, vient l'heure des couteaux. On se doutait bien que tous ces cochons ou buffles, c'etait pas que pour decorer mais alors la, grande boucherie! Munis de couteaux a faire des carpaccios dans des poteaux electriques, les bouchers professionnels se "regalent": un buffle a egorger (y'en aura une quarantaine qui y passeront pendant les 6j) et des dizaines de cochons a zigouiller: la tong n'est pas une chaussure tres adaptee dans ce bain de sang! Les hommes, d'ailleurs, recuperent une partie du sang des cochons dans des bambous pour se desalterer un coup (chacun son truc!)

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Les cochons, eux, sont rases de prets au chalumeau. Une sorte d'epilation qui laisse quelques sequelles... Pres de 4h apres notre arrivee, on quitte, un peu groguis, la ceremonie, des images ultra fortes plein la tete.

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  Le lendemain, on rechausse nos chaussures laissees au fond du sac depuis bien longtemps: on part decouvrir le pays toraja avec nos pieds pendant 3j.

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Daniel, etudiant en anglais et guide intermittent, nous montre le chemin.. On apprehend un peu mais finalement quasi aucun touriste croise pendant ce trekking.

 

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On y verra de magnifiques villages toraja, des tombes creusees a meme la roche, des paysages somptueux de rizieres en terrasses.

 

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On y croisera pas mal de "Helloooo!", quelques "bonbons, stylos!" et meme un enfant jouant avec une "voiture telecommandee" toraja, c'est  a dire une ficelle qui tient a un de ses bouts une patte de buffle qui , visiblement, a du connaitre une derniere ceremonie mouvementee. Bref, un jeu educatif parfait dans le cadre d'une campagne de sensibilisation au recyclage. Et en plus, c'est economique (il suffit d'avoir de la famille dans le secteur de la boucherie toraja!). Existe aussi en version vegetale avec un morceau de bambou au bout de la ficelle.

 

On trouve nos limites dans notre capacite d'adaptation, un midi, dns un village des plus pauvrets, une table posee sur un sol en terre battue, un coq cherche desesperement entre nos pieds un ver, derriere la cloison un cochon grogne dans ce qui doit etre la cuisine et l'inevitable bande de chiens fameliques se grignotte les puces du bas ventre. Miam! Bref, voila le decor et le pire c'est qu'au depart, on avait hyper faim. Au menu, pates aux........ oeufs (moderement cuits) dans leur jus. Dieu Salmonelle, priez pour nous. Jusque la tout va bien... Le soir, on fait encore dans le traditionnel mais l'hygiene en plus: nos hotes du soir nous preparent un pa'piong: du poulet melange a des tiges de bananier, de la citronelle et de l'ail, le tout cuit dans un bambou sur le feu.

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Pour la cuisson, c'est pas complique: quand le bambou est noir, c'est cuit! (bon Ok, y'a du poulet, notre rapide conversion au ''vegetarisme'' apres la ceremonie n'aura pas dure bien longtemps).

Chrouink, on s'essuie la bouche et on vous embrasse!

Publié dans Indonésie

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A
<br /> Ah, que les batiments et les rizières ont l'air sympa, je me répéte mais ça a l'air le top! Après notre discussion-mail en direct de tout à l'heure j'attendais le nouvel article mais en<br /> voyant  la taille du texte et le nombre d'images , je comprends mieux l'attente. Le chef pourra sortir sa fameuse blague de Fidéle , elle a l'air de fonctionner aussi pour Toraja avec cette<br /> belle viande fraîche.Gavez vous!! Prenez-en encore plein les yeux et les appareils photos pour nous!<br /> <br /> <br /> Bises Audrey<br />
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P
<br /> Ouah ! Alors là j'aurai vraiment aimé voir tout ça avec vous !! Certes j'aurai eu quelques nausées peut-être, mais alors oouah ! ça vaut le coup de voyager pour être autant dépaysés non ? Bises<br />
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